Nelly Mitja Nous propose de découvrir la P’TITE BIO de Guy Delisle en 10 dates clés

Globe-trotter, observateur naïf, papa poule…

ou pas, Guy Delisle, qui a fait ses débuts dans le monde de l’animation, s’illustre depuis 2001 à travers ses carnets de voyages qui ne cessent de nous immerger dans des mondes parallèles aux réalités bien différentes de celles de notre « petit cocon » occidental.

Si vous ne le connaissiez pas encore, Nelly Mitja nous propose aujourd’hui la « p’tite bio » de cet auteur québécois, témoin du quotidien d’ici et d’ailleurs.

01. 1966 : Naissance

Guy Delisle
Guy Delisle

Guy Delisle voit le jour en 1966 à Québec, au Canada. Son père est ingénieur et sa mère professeure. Très tôt, il se passionne pour le neuvième art, notamment la bande dessinée classique.

C’est décidé, plus tard, il sera auteur de BD.

Aussi, après avoir étudié le cinéma d’animation au Sheridan College de Toronto, il collabore avec le studio d’animation montréalais Ciné Groupe pendant près de deux ans.

En 1988, il décide de poursuivre sa carrière d’animateur en Europe (Allemagne et France) où il collaborera notamment avec le studio d’animation Folimage à Valence.

Déjà voyageur dans l’âme, il partira également un an à La Réunion pour y enseigner son métier.

02. 1993 : Premiers court-métrages et séries animées

Trois petits chats de Guy Delisle
Trois petits chats de Guy Delisle

En 1993, Guy Delisle réalise son premier court-métrage Trois petits chats, en référence à la comptine pour enfants.

Fruit de sa collaboration avec le réalisateur néerlandais Michaël Dudok de Wit, son second court métrage, Le Moine et le Poisson, sortira en 1994. A partir de 1998, l’auteur travaillera sur la série d’animation Papyrus.

Il s’agit là de l’adaptation de la bande dessinée éponyme de Lucien De Gieter qui met en scène le personnage de Papyrus, un jeune pêcheur dont la mission est de trouver la porte d’Ombos afin de délivrer le dieu Horus du sarcophage où le dieu Seth l’a emprisonné.

La série comptera 52 épisodes qui seront diffusés en France, en Belgique et au Québec. Il collaborera également sur les projets d’animation des Contes du chat perché et La Mouche de Lewis Trondheim.

03. 1999 : Premier album, Aline et les Autres (L’Association)

Extrait d’Aline et les autres de Guy Delisle
Extrait d’Aline et les autres de Guy Delisle

En 1999, Guy Delisle signe son premier album solo avec Aline et les Autres.  

Petit abécédaire composé d’autant de récits qu’il y a de lettres dans l’alphabet, Aline et les Autres, c’est le portrait de 26 femmes fantasmées dans des postures ou des situations plutôt incongrues.

Si les récits sont muets, les traits parfois imprécis, cet album n’en demeure pas moins intrigant.

En 2001, Guy Delisle réexpérimentera l’approche avec la gent masculine. Beaucoup moins fantasmé, peut être encore plus acerbe que le précédent.

Albert et les autres, comme Aline et les Autres se « lit » comme un story-board.

04. 2000 : Publication de Shenzhen (L’Association)

Shenzhen de Guy Delisle
Shenzhen de Guy Delisle

Premier carnet de voyages de l’auteur, Shenzhen est un roman graphique autobiographique qui retrace les pérégrinations de Guy Delisle en Chine.

Nous sommes en décembre 1997 à Shenzhen, métropole du sud-est du pays. Au nord, la ville est surplombée par une clôture électrifiée où se dressent des miradors. Au sud, se trouve Hong Kong.

Guy Delisle y compare Shenzhen au vestibule de l’enfer selon Dante, juste après la rivière Achéron, représentée par les grandes villes de Canton, Pékin ou encore Shanghai, et juste avant le purgatoire qu’il associe à Hong Kong, le paradis étant les Etats-Unis.

Venu superviser une équipe d’animateurs pour une série animée pendant trois mois, l’auteur nous partage ici ses impressions, ses rencontres, ses relations avec ses collègues et ses frustrations, s’attardant sur les moindres petits détails du quotidien.

Guy Delisle nous partage également son sentiment de solitude face à la découverte de cette nouvelle culture, aux antipodes de la sienne. Naïveté, plaisanteries, agacements, son ressenti y est toujours dépeint avec beaucoup de sincérité et de drôlerie.

05. 2003 : Publication de Pyongyang (L’Association)

Pyongyang de Guy Delisle
Pyongyang de Guy Delisle

Cette fois-ci, Guy Delisle nous embarque pour Pyongyang, la capitale de la Corée du Nord.

Nous sommes au début des années 2000 et l’auteur collabore sur un nouveau projet de série animée. 

Outre ses relations avec les autres expatriés et ses collègues de travail, Guy Delisle, toujours talonné d’un guide et d’un interprète (garants de l’image de la nation), nous présente également de manière assez factuelle toute la mécanique politique d’un des pays les plus repliés du monde (embrigadement de la pensée, vénération du chef d’état…).

Comme pour Shenzhen, l’humour y est toujours présent, nous permettant ainsi de relativiser, voire dédramatiser certaines situations plutôt incongrues.

Pyongyang, ou voyage au bout de l’absurde, est le second carnet de voyage de l’auteur.

06. 2007 : Publication de Chroniques birmanes (Delcourt)

Chroniques birmanes de Guy Delisle
Chroniques birmanes de Guy Delisle

Chroniques birmanes de Guy Delisle

En 2006, Guy Delisle part pour le Myanmar avec femme et enfant. Il y suit son épouse, Nadège, alors en mission avec Médecins sans Frontières. Ils y resteront 14 mois.

Le Myanmar, qui s’appelait encore la Birmanie jusqu’en 1989, est alors dirigé par la junte militaire. Aung San Suu Kyi, lauréate du prix Nobel de la paix en 1991, est quant à elle assignée à résidence.

Pénuries, coupures d’électricité et fortes chaleurs sont le quotidien de l’auteur qui tente néanmoins d’aller à la rencontre de ce pays, de sa culture et de sa population.

Une population sous le joug de la junte, oppressée par la censure et acculée par des conditions sanitaires et sociales déplorables.

Contrairement à ces deux précédents albums, Guy Delisle opte cette fois-ci pour un récit sous forme de minis chapitres où il nous relate une nouvelle fois son quotidien, celui des Birmans, mais aussi celui du petit cercle très fermé des expatriés, ou encore l’histoire de Total au Myanmar et son programme social…

Autodérision, second degré sont toujours au menu de ces Chroniques birmanes qui nous placent une nouvelle fois comme spectateur de la rencontre de deux cultures, de deux réalités.  

07. 2011 : Publication de Chroniques de Jérusalem (Delcourt)

Chroniques de Jérusalem de Guy Delisle
Chroniques de Jérusalem de Guy Delisle

En août 2008, la famille Delisle s’envole cette fois-ci en « terre sainte » dans le cadre d’une nouvelle mission avec MSF.

Carrefour culturel, carrefour religieux, quoi de plus inspirant pour un Guy Delisle qui se définit comme « un type candide mais observateur ».

L’immersion collective et le décryptage de la mécanique géopolitique qui se joue dans cette région du monde y sont très réussis.

Tout comme Chroniques birmanes, Chroniques de Jérusalem se décline en plusieurs chapitres qui ici, s’égrainent au fil des mois.

La tonalité sépia y est très présente, ponctuée parfois de couleurs plus marquées, donnant ainsi plus de sonorité à certaines situations.

En 2012, l’album sera récompensé du Fauve d’or au festival international de la BD d’Angoulême.

08. 2013 : Parution du premier tome du Guide du mauvais père (Delcourt)

Le Guide du mauvais père de Guy Delisle
Le Guide du mauvais père de Guy Delisle

Le Guide du mauvais père de Guy Delisle

Si Guy Delisle a su nous démontrer son côté « papa poule » dans ses précédents albums (Chroniques birmanes, Chroniques de Jérusalem),

Le Guide du mauvais père nous dresse pour sa part un tout autre portrait…

celui d’un père bien moins enclin à l’écoute et à la bienveillance, plus autocentré et sans complexe lorsqu’il s’agit d’user de la mauvaise foi.

Véritable petite pépite et utilitaire du père qui ne veut pas se prendre la tête.

Le Guide du mauvais père, qui compte 4 tomes dont le dernier a été publié en 2018, en décomplexera plus d’un.

09. 2016 : Publication de S’enfuir, récit d’un otage (Dargaud)

S'enfuir, récit d'un otage de Guy Delisle
S’enfuir, récit d’un otage de Guy Delisle

S’enfuir, récit d’un otage, revient sur un épisode tragique qui a marqué la vie de Christophe André, alors travailleur humanitaire pour une ONG médicale. 

Enlevé en juillet 1997 dans le Caucase par une milice Tchéchène, ce dernier s’est confié à Guy Delisle qui nous retrace dans cet album le récit d’une captivité qui a duré près de 111 jours.

Véritable huit clos, S’enfuir, récit d’un otage, c’est l’ascenseur émotionnel d’un homme qui vacille entre espoir, doute, désespoir et résistance.

10. 2021 : Publication de Chroniques de jeunesse (Delcourt)

Chroniques de jeunesse de Guy Delisle
Chroniques de jeunesse de Guy Delisle

En 2021, Guy Delisle publie Chroniques de jeunesse. Cet album, qui a pour cadre l’usine de papier où son père était dessinateur industriel, est probablement le récit le plus intimiste de l’auteur.

Puisant dans ses souvenirs d’adolescent, Guy Delisle nous partage ici sa première expérience professionnelle dans cette usine de Québec où il travaillera durant trois étés pour financer ses études.

Les conditions de travail difficiles (bruit, chaleur, cadences…), les relations intergénérationnelles avec ses collègues, mais aussi son rapport au père, présent en filigrane tout a u long du récit, sont ainsi illustrés au travers de petites anecdotes toujours dépeintes avec subtilité et cocasserie.

Si l’auteur s’est toujours mis en scène dans ces précédents albums, il semble se mettre un peu plus à nu dans ce dernier récit.

Dans une interview accordée début 2021 à Tewfik Hakem (Le réveil culturel sur France Culture), il dira « Écrire ce livre, c’était aussi aller chercher le père ».

Pour aller plus loin et retrouver les articles de Nelly Mitja sur l’univers de la BD :

Auteur : Nelly Mitja

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